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Yannick AUTRET, Secrétaire du programme national de recherche ITTECOP
Commissariat général au développement durable - Service de la recherche et de l'innovation
Depuis 2008, le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires et ses partenaires soutiennent, avec le programme ITTECOP, une communauté de recherche appliquée toujours plus importante capable de développer une approche holistique des infrastructures et de leurs interactions avec les territoires traversés. Ce sujet trouve aujourd’hui un écho croissant au niveau européen et international.
La route ? Là où on va, on n’a pas besoin de route !
Retour vers le futur, Dr. Emmett Brown.
Les infrastructures de transport ou d’énergie exercent une pression directe sur les écosystèmes. Il est nécessaire de penser les interactions dans un cadre plus complet via une mobilisation des acteurs de la recherche. Ce processus a abouti à la création en 2008 du programme national de recherche ITTECOP (Infrastructures de transports, territoires, écosystèmes et paysages) par le ministère de la Transition écologique, en coordination avec l'Ademe. Ce programme vise, depuis sa création, à appuyer l’ensemble des acteurs opérationnels publics comme privés. Les infrastructures y sont abordées de manière globale (fluviales, ferrées, routières ou énergétiques) ainsi que leurs interfaces avec les territoires (gares, ports ou aéroports) dans une approche intégratrice de leurs effets : écologiques, territoriaux, sociaux, économiques, paysagers ou patrimoniaux.
Le programme ITTECOP contribue à alimenter une réflexion forte et constante sur l’intégration des questions relatives aux écosystèmes et aux paysages lors de l’élaboration et de la réalisation de projets d’infrastructures ou l’adaptation d’aménagements existants.
Les projets de recherche sont ainsi utilisés comme outils de dialogue et de compréhension mutuelle entre les acteurs des infrastructures et de l’environnement. La création progressive d’un patrimoine de savoirs communs a permis de soutenir une prise de risques dans les sujets proposés, liant ainsi étroitement recherche et besoins opérationnels.
Ce processus de dialogue public-privé s’est accompagné en parallèle d’une réflexion sur les dynamiques en cours à l’étranger et sur la manière dont les travaux menés pouvaient y trouver écho.
Aujourd’hui, un sentiment d’urgence face à ce que William Lawrence qualifie, lors de l’IENE 2016, de "tsunami d’infrastructures" se développe. D’ici 2050, le linéaire routier mondial augmentera de 50% pour atteindre 60 millions de kilomètres, les réseaux énergétiques devraient quant à eux connaître une croissance d’environ 5% par an, effet encore accentué par le besoin d’accélérer la transition énergétique et de répondre à la nécessité de multiplier les sources de production énergétiques, enfin, au moins 50 000 milliards seront investis dans les transports.
Face à ce défi, la COP 14 de la Convention sur la diversité biologique, à travers sa décision adoptée en novembre 2018, marque la première inflexion internationale pour une approche ouverte multi-infrastructures et multidisciplinaires des effets de ces réseaux sur les écosystèmes. L’enjeu est donc maintenant, d’amplifier ce mouvement, et d’y contribuer pour développer des outils conceptuels et opérationnels en appui à un cadre de travail ouvert et unifié allant des échelles très locales aux échelles internationales. Cette démarche est facilitée par le projet européen H2020 (au titre des actions de coordination et de soutien) BISON, premier du genre sur ce sujet. Ce projet de nature stratégique fédère 45 partenaires dont 16 ministères européens des transports. Il vise notamment l’identification des besoins futurs en matière de recherche et d'innovation pour une meilleure intégration de la biodiversité dans le cycle de vie des infrastructures. Les objectifs de soutenabilité affichés par l’Union européenne pour le développement d’investissements durables dans le domaine des infrastructures de transport et d’énergie nécessitent toutefois le développement de ressources nouvelles et le développement de passerelles tout juste ébauchées entre communautés du transport et de la biodiversité. L’expérience acquise par la France et ses partenaires pour soutenir une recherche en appui aux acteurs opérationnels sur ce sujet est une vraie opportunité pour participer activement aux changements transformateurs appelés par l’IPBES.
Le Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale héberge 80 % des espèces animales et végétales présentes dans les Hauts-de-France. Conscient de sa responsabilité en matière de préservation de la biodiversité, il est très actif, depuis de nombreuses années, sur la mise en œuvre de sa Trame verte et bleue. Des premières approches de modélisation ont été engagées avec un bureau d’études, notamment sur la sous-trame des pelouses calcaires du Parc naturel régional. Plus récemment, nous nous sommes engagés en faveur de la Trame noire, démarche d’autant plus intéressante qu’elle croise de nombreux enjeux, en termes écologique, énergétique et économique. La charte du Parc, adoptée en 2013, avait ouvert la réflexion sur la pollution lumineuse bien présente sur le territoire avec les agglomérations de Saint-Omer et de Boulogne-sur-mer, et la proximité de Calais et Dunkerque. La labellisation "Territoire à énergie positive pour la croissance verte" et l’action résolue du Parc pour la maîtrise des consommations énergétiques ont constitué une opportunité pour approfondir la question de l’éclairage artificiel et de ses impacts sur la biodiversité.
Ainsi nous avons lancé une recherche-action avec la commune d'Ardres. Des protocoles d’estimation des impacts de la pollution lumineuse sur les chauves-souris et les papillons de nuit ont été testés, avec des résultats concluants pour modéliser la pollution lumineuse. Cette expérimentation a permis d’établir une méthode qui permet de croiser les données sur le patrimoine naturel avec celles sur l’éclairage public.
Le développement d’un partenariat avec la Fédération départementale de l’énergie du Pas-de-Calais (FDE 62) va susciter des actions concrètes dans les communes. La méthode développée sur Ardres permet de réaliser des préconisations et de prioriser les interventions à conduire pour un éclairage public plus respectueux de la faune locale et des espaces préservés.
Nous faisons le pari que cette conjonction d’outils efficaces et de leviers financiers pour une adaptation des équipements incitera les communes à opter pour une prise en compte de la Trame noire. Pour cela, le Parc naturel régional multiplie les actions de sensibilisation des élus et des habitants à la biodiversité nocturne. On constate aujourd’hui que la question de la préservation de la biodiversité est de plus en plus prise en considération, même si l’argument économique reste encore souvent le déclencheur de l’action. Il nous faut maintenant construire des outils d’évaluation pour tirer tous les enseignements des premières expériences des communes engagées dans cette démarche, afin d’entraîner un maximum de communes dans la transition écologique et énergétique du territoire.
La stratégie de l’Union européenne en matière de biodiversité vise à l’horizon 2020 la préservation et l’amélioration des écosystèmes et de leurs services. Dans ce cadre et parmi d’autres mesures, il est prévu de mettre en place une infrastructure verte et de rétablir les écosystèmes dégradés.
L’infrastructure verte est le réseau constitué de zones naturelles et semi-naturelles et d'autres éléments environnementaux faisant l'objet d'une planification stratégique, et destinés à fournir de multiples bénéfices, dits "services écosystémiques". En France, cela correspond à la Trame verte et bleue. En 2013, la Commission a adopté une stratégie européenne sur l’infrastructure verte afin de retenir une définition commune, d’encourager le développement de ce concept dans les différents États membres et de stimuler les investissements dans le capital naturel européen.
Les sites et fonctions du réseau Natura 2000 sont le fondement de l’infrastructure verte européenne. Il ressort du bilan de la législation Nature que, si les Directives jouent un rôle clé dans la stratégie de l’Union en matière de biodiversité, elles ne sauraient à elles seules permettre d’enrayer la perte de biodiversité d’ici à 2020. Le "plan d’action pour le milieu naturel, la population et l’économie" prévoit des mesures supplémentaires telles que l’élaboration de lignes directrices afin de soutenir le déploiement de projets d’infrastructures vertes à l’échelle de l’Union en vue notamment de renforcer la connectivité écologique des zones Natura 2000. Ces lignes directrices sont en cours de finalisation.
Un rapport technique sur le déploiement stratégique de l’infrastructure verte et la restauration des écosystèmes vient par ailleurs d’être publié. Il fournit des outils et des méthodes géomatiques sur la base d’études de cas à différentes échelles pour la cartographie et la mise en œuvre d’une infrastructure verte bien connectée, multifonctionnelle et transfrontalière.
Tous les rapports scientifiques récents, notamment ceux de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) démontrent que, malgré les efforts réalisés jusqu’à présent, la perte de la biodiversité continue en Europe et dans le monde. Il sera donc essentiel d’accroître l’ambition européenne sur la biodiversité.
La Commission européenne initie une réflexion sur l’après-2020 et portera une attention particulière aux progrès des dernières années et aux meilleurs pratiques en matière de déploiement de l’infrastructure verte en Europe. Nous espérons que la France, forte de sa politique Trame verte et bleue, aura un rôle moteur en la matière.
Avec la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, nous avons tracé une voie ambitieuse pour la transition écologique de nos territoires : 1ère Région à Energie positive, économie circulaire et retour au sol de la matière organique, démarche "H2o30" pour une gestion durable de la ressource en eau, soutien à l’agriculture Bio, animation d’une communauté de travail "éviter-réduire-compenser".
Les impacts du changement climatique ne sont en effet plus un vague futur auquel nous aurons à nous préparer, mais un présent bien réel qui nous oblige à agir plus vite et plus fort dans nos territoires vulnérables. Car oui, il s’agit bien de nous réconcilier avec la nature. Et c’est de cette alliance avec la nature dont dépendra notre futur. Protéger et restaurer notre biodiversité, c'est d’abord réduire les pressions exercées sur nos territoires. L'Occitanie, hot spot mondial pour la biodiversité, a perdu, entre 1992 et 2012, 46 % de ses prairies et pâturages naturels et 31 % de ses forêts. Ce sont 60 000 hectares qui ont été artificialisés entre 2006 et 2015, surtout sur la bande littorale. La projection démographique à l'horizon 2040 indique 1 million d'habitants supplémentaires. Sur 30 SCOT, 13 seulement traitent de la question des continuités écologiques (au sens des lois Grenelle).
Cheffe de file des politiques biodiversité, la Région travaille à l'élaboration de sa Stratégie régionale biodiversité (SRB) dans un esprit de concertation et d’innovation citoyenne. Plus de 350 acteurs ont contribué au diagnostic de notre patrimoine exceptionnel ainsi qu'aux types de pressions qui le menacent. C'est dire la dynamique de terrain, au plus près des enjeux locaux, sur laquelle nous pouvons nous appuyer !
La SRB constituera le volet biodiversité du Schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (SRADDET) en cours d’élaboration. Dans la continuité des Schémas régionaux de cohérence écologique (SRCE), le réseau des acteurs de la TVB est non seulement associé à cet exercice de planification, levier majeur de la transition écologique de nos territoires, mais aussi à la mise en œuvre de solutions concrètes indispensables à leur résilience.
Nous savons les impacts du changement climatique sur les écosystèmes mais aussi la fonction régulatrice de la biodiversité. À nous de sortir d'une approche en silo pour porter, au plus près du terrain, une vision transversale et partagée des enjeux de protection dans toutes les politiques de développement et d'aménagement. La nouvelle Agence régionale pour la biodiversité (ARB), premier établissement public de coopération environnementale en France, sera dotée d’une équipe technique qui viendra renforcer cet engagement collectif autour de 3 missions : la valorisation de la connaissance, la création d'un réseau de gestionnaires et l'appui aux porteurs de projets, en particulier pour l'évitement et la réduction des impacts.
Capitale française de la biodiversité 2017, la commune de Muttersholtz agit depuis 10 ans en faveur de la Trame verte et bleue. À l'origine de tout cela ? L'enthousiasme de Patrick Barbier, son maire, à qui nous donnons la parole.
La Trame verte et bleue est une démarche qui permet la reconquête progressive d’espaces écologiques, notamment en contexte d’agriculture intensive. C’est ce que nous expérimentons à Muttersholtz, commune de 2000 habitants située dans la riche plaine agricole d’Alsace. Petit à petit, patiemment, au gré des opportunités foncières, nous reconstituons un maillage d’infrastructures agro-écologiques : ripisylves le long des cours d’eau, corridors prairiaux, chapelets de mares, ceintures de vergers, haies champêtres, culture biologique…
Les instruments utilisés sont multiples : compensation écologique dans le cadre du remembrement agricole, gestion des terrains communaux, dialogue territorial dans l’aire d’alimentation de captage, travaux de génie écologique pour les cours d’eau et les zones humides fortement financés par l’Agence de l’eau Rhin-Meuse et la Région Grand-Est, emplacements réservés dans le plan local d’urbanisme, baux environnementaux, exonération de taxe foncière et priorité à l’agriculture biologique sur les terres communales, atelier associatif de jus de pomme, projet d’espace naturel sensible…
C’est une banalité de le dire mais cela doit être répété : la clé de la réussite de toute politique publique, particulièrement dans un domaine aussi complexe que celui de la biodiversité, réside dans la constance de la volonté politique sur plusieurs années, la connaissance du terrain et le dialogue entre les acteurs.
À Muttersholtz, la municipalité s’appuie sur le système d’information géographique pour avoir une vision claire des terrains communaux et de leurs usages. Elle s’adjoint également des compétences associatives comme celle de la Ligue pour la protection des oiseaux en matière d’expertise naturaliste. Ce partenariat a abouti à une véritable feuille de route cartographiée pour les projets de renaturation.
Le dialogue territorial doit être permanent, notamment avec les acteurs principaux que sont les agriculteurs. Rien ne peut se faire sans leur adhésion ou au moins leur compréhension des enjeux. Dans un contexte économique difficile, ils sont à la recherche de nouvelles solutions pour exercer leur métier. La commune dispose de leviers pour aider à cette recherche : mobilisation d’aides et de conseils agri-environnementaux, participation citoyenne, impulsion de plan alimentaire territorial (développement des circuits courts), diversification agrotouristique ou énergétique.
Au bout de ce travail collectif quotidien, nous pouvons témoigner que l’espoir n’est pas vain : à Muttersholtz, modestement mais sûrement, la biodiversité regagne du terrain !
Les espaces agricoles sont au carrefour de différents enjeux qui constituent une priorité sociétale mais aussi un défi politico-économique. Cette nouvelle agriculture doit répondre au triptyque suivant : une agriculture à la fois plus durable, plus respectueuse des ressources naturelles et plus résiliente face aux changements globaux. Ce changement de paradigme prend la forme d’une voie alternative, reprise sous le concept d’agro-écologie, popularisé par Miguel Altieri.
C’est précisément dans ce cadre que le Conseil scientifique de l’Agence française pour la biodiversité, a pris l’initiative de rédiger un texte de positionnement sur l’agro-écologie. Ce texte, rédigé sous la houlette de Luc Abbadie, Pierre-Henri Gouyon et moi-même, aidés par l’ensemble des membres du Conseil, sera diffusé prochainement.
L’agro-écologie remet la biodiversité et les processus écologiques au cœur du fonctionnement de l’agroécosystème à travers la valorisation de leur rôle dans la fourniture de services écosystémiques. L’agro-écologie, l’agriculture biologique, l’agriculture de conservation, la permaculture, l’agroforesterie, l’agriculture de précision, l’éco-agriculture, l’agriculture écologiquement intensive sont plusieurs formes d'agriculture qui tentent ainsi de concilier production alimentaire et préservation des écosystèmes. Le rôle clé de la biodiversité y est ainsi souligné. Cependant, l’efficacité de ces systèmes pour nourrir l'humanité et leur viabilité économique restent débattues.
Une des caractéristiques clés de l’agro-écologie est de s’intéresser au territoire au moins autant qu’à l’exploitation, et d’être basée sur une vision systémique et multi-acteurs de la société. La gestion des territoires, de leurs fonctionnalités écologiques, et la prise en compte des aspirations de tous les acteurs (humains, comme non humains) qui les peuplent est aujourd’hui un enjeu de gouvernance. Mais c’est aussi un enjeu majeur en matière de recherche en écologie et de gestion, tant nos connaissances sont encore fragmentaires dans le domaine de l’écologie spatiale ou de l’écologie du paysage. Agriculture pro activement ancrée à l’échelle des territoires, l’agro-écologie se préoccupe de l’agencement spatial entre les parcelles, maintient la présence des éléments semi-naturels (haies, bandes enherbées, murets, mares etc.) : en ce sens, elle ne peut que converger avec la préservation et de la remise en bon état des continuités écologiques.
La journée d’échanges techniques organisée par le Centre de ressources TVB le 15 mars dernier à Paris a été l'occasion d'étudier cette convergence, ces synergies, à travers de nombreux exemples issus du terrain et de la recherche.
Après l'adoption des Schémas régionaux de cohérence écologique (SRCE) et le travail en cours d'intégration des continuités écologiques dans les documents d'urbanisme, la Trame verte et bleue (TVB) rentre désormais dans sa phase opérationnelle. Celle-ci se caractérise par la réalisation de travaux de préservation et de remise en bon état des milieux naturels et semi-naturels, avec le nécessaire appui du génie écologique. Ces opérations peuvent être diverses : revégétalisation, construction de passages à faune, destruction d’obstacles, déplacement ou réintroduction d’espèces, etc. Le génie écologique permet ainsi la reconstitution de milieux naturels, la restauration de milieux dégradés ou encore l'optimisation de fonctions assurées par les écosystèmes.
Afin de capitaliser les ressources et de mutualiser les bonnes pratiques, l'Agence française pour la biodiversité (AFB) coordonne le centre de ressources Génie écologique. Dans ce cadre, une attention particulière est portée sur l'efficience des travaux menés dans les territoires. Des principes et des visions se construisent avec les acteurs du génie écologique notamment sur le déploiement des filières de production de végétaux d’origine locale, sur l'accompagnement et le renforcement des dispositifs de suivi et d'évaluation des projets, sur les questions concernant l'éco-conception des produits utilisés (paillages, plastiques « biodégradables », etc.) ou encore sur la prise en compte de la nature temporaire en phase chantier. Autant de sujets et préoccupations que nous partageons avec les acteurs du génie écologique et plus largement de la biodiversité, qu'ils soient entreprises, bureaux d'études, associations, collectivités ou gestionnaires d'espaces naturels.
Le centre de ressources Génie écologique propose ainsi une animation de réseau thématique (journées d'échanges, identification des besoins), un appui technique aux acteurs (conseil, formations, retours d'expériences...) et la production et mise à disposition d'outils, de méthodes et techniques, à l'image des missions allouées au Centre de ressources Trame verte et bleue.
Préserver et reconquérir les continuités écologiques passe par une vision intégrée des projets. Tendre vers cet objectif, valoriser les savoirs et savoir-faire des acteurs, renforcer leurs compétences et les appuyer dans leurs missions pour optimiser les réseaux écologiques des territoires, tels sont les enjeux que nous portons et défendons !
Joël Baud-Grasset
Président de la Fédération nationale des conseils d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement (FNCAUE)
Définir les enjeux de la biodiversité et localiser la Trame verte et bleue dans les grands schémas régionaux est une excellente chose. Chercher à la restaurer, la préserver, lui donner toute sa place dans les projets urbains au plus près des habitants via les documents de planification pour des résultats concrets, c’est encore mieux ! C’est ce que s’efforcent de faire les Conseils d'architecture, d'urbanisme et d'environnement (CAUE) en accompagnant les collectivités locales dans une traduction opérationnelle de leurs projets qui intègre et ménage la biodiversité de la parcelle aux grands territoires.
C’est notamment l’objet de l’appel à manifestation d’intérêt « Trame verte et bleue : de la planification régionale à la construction d’une stratégie territoriale » lancé en juillet dernier en partenariat avec Régions de France et le soutien du ministère de la Transition écologique et solidaire, avec la participation de l’Agence française pour la biodiversité. Huit équipes lauréates et leurs partenaires locaux ont été sélectionnés. Une initiative qui permet un travail collectif d’un an sur la mise en œuvre des schémas régionaux de cohérence écologique (SRCE) et la spatialisation de la biodiversité, mais également sur le volet biodiversité des futurs Sraddet (Schémas régionaux d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires).
La capacité d’animation et de médiation des CAUE entre les différentes parties prenantes et échelons territoriaux constitue un gage de réussite de ces politiques encore peu appréhendées par les élus locaux. L’enjeu est que chaque acte d’aménagement, chaque projet d’urbanisme pose comme préalable la mise en exergue des trames vertes et bleues en coordination avec la qualité des paysages. C’est en substance le message que nous avons souhaité faire passer lors du séminaire de travail « Espace de biodiv’ ! » qui s’est tenu le 8 mars dernier en présence de plus de 120 professionnels des CAUE, régions, Dreal, associations de protection de l’environnement… Un message qui doit être transcrit en actes dès le prochain séminaire, au cours duquel les lauréats présenteront leurs travaux. Un message que nous ne cesserons de relayer.
Naturellement vôtre.
Quarante ans après la loi de 1976 sur la protection de la nature ; l’association Humanité et biodiversité - dont je suis devenu président d’honneur - a beaucoup œuvré pour qu’une nouvelle loi soit adoptée. Que de péripéties depuis son annonce en 2012 ! Le projet de loi Biodiversité se veut exister pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages. A l’heure où ces lignes sont écrites, suite à l'échec de la Commission mixte paritaire (CMP), la loi n’existe pas encore : les députés voteront fin juin puis le Sénat courant juillet et l’adoption définitive par l'Assemblée nationale devrait être réalité fin juillet.
Enfin l’Agence Française pour la Biodiversité (AFB) dont je suis le parrain deviendra opérationnelle en 2017. Cette création a été approuvée par les députés et les sénateurs et cela est satisfaisant car, je le répète inlassablement : "Il convient de ne pas se contenter de stopper l'érosion de la biodiversité mais de s'engager dans une action ambitieuse de reconquête". Il y a un rêve à réaliser : celui d’une France verte et bleue. L’objectif de créer sur le territoire national des continuités écologiques terrestres et aquatiques est proposé. Il reste à le réaliser. S’y mettre est urgent. Agir chacun selon ses possibilités est un impératif.
Modestement, Humanité et Biodiversité a lancé une opération « Oasis Nature » pour que ses membres contribuent à l’œuvre d’enrichissement général du capital naturel de notre pays. Mobiliser les urbains pour qu’ils ajoutent volontairement du végétal dans un milieu majoritairement minéral, c’est œuvrer pour renaturer les zones urbanisées.
Quant au Centre de ressources Trame verte et bleue, son envergure est considérable. Savoir réunir divers organismes (Aten, MNHN, Irstea, Cerema, Onema…) dans un Comité de pilotage est un atout et, pour faire profiter l’ensemble des partenaires d’une documentation sans cesse mise à jour, d’expériences locales réussies, etc., il n’y a pas mieux qu'une action fédérative.
A l’évidence, la mission de reconquête de la biodiversité demande outils et compétences humaines, et la rédaction de cet éditorial m’offre l’opportunité de saluer le travail de professionnels motivés.
Astrophysicien
Président d’honneur de Humanité et biodiversité
L’Office français de la biodiversité (OFB) vient de fêter son premier anniversaire le 1er janvier. Notre tout jeune établissement réunit près de 2800 agents qui œuvrent au quotidien en faveur de la préservation et de la restauration de la biodiversité sur tout le territoire français.
Plus que jamais, dans ce contexte pandémique si spécial, je souhaite mettre le lien humain au cœur des actions de l’OFB en impliquant le plus grand nombre d'acteurs et de citoyens. C’est cette volonté qui a guidé notre campagne de communication l’été dernier afin de sensibiliser largement le public aux enjeux de la biodiversité dans l’hexagone ainsi que dans les outre-mer. La mobilisation des acteurs s’incarne aussi dans l’initiative "Engagés pour la nature" qu’anime l’OFB pour inviter un maximum de collectivités et d’entreprises à mener des actions concrètes en faveur de la nature. Plus de 300 d’entre elles sont déjà engagées.
Cette année 2021 sera une année importante pour la biodiversité, à la fois en termes d’évènements mobilisateurs avec le Congrès mondial de la nature qui se tiendra à Marseille en septembre et en matière de politiques publiques avec l'élaboration de la nouvelle Stratégie nationale de la biodiversité. Je souhaite également que la Trame verte et bleue soit à l’honneur dans des actions phares. Nous lançons en 2021"l’année de la haie", autour de cet enjeu majeur de biodiversité et de connectivité de nos territoires. L’OFB est aussi un opérateur du plan de relance du Gouvernement. Dans ce cadre nous accompagnerons des actions concrètes de restauration des milieux terrestres, notamment sur des secteurs dégradés en terme de continuité écologique.
Enfin, c’est bien sous le signe de la mobilisation sur la Trame verte et bleue que nous commençons l’année grâce au MOOC Trame verte et bleue, une formation en ligne gratuite et ouverte à tous qui a démarré ce lundi pour une durée de 9 semaines. L’objectif de ce MOOC est de former un maximum de personnes – techniciens, élus, étudiants, bénévoles, citoyens engagés - aux enjeux des continuités écologiques et des outils pour agir en leur faveur. Ce sont déjà plus de 11 000 personnes qui se sont inscrites à cet événement mobilisateur en métropole, dans les outre-mer et dans de nombreux pays tout autour du globe.
Je fais le vœu que ces projets feront progresser la consciente agissante de chaque citoyen de la fragilité de notre patrimoine naturel vivant.