La Trame noire est une démarche qui permet de lutter contre le phénomène de pollution lumineuse à l’échelle d’un territoire (d’échelle variable : communes, intercommunalités, parcs naturels régionale, régions). Elle vise à mettre en cohérence et spatialiser les enjeux et les solutions, en s’appuyant sur la notion de continuité écologique nocturne, afin de préserver et de restaurer des espaces (corridors et réservoirs de biodiversité) dont l’obscurité est suffisante la nuit pour garantir le fonctionnement de la biodiversité et les déplacements des espèces.
À l’instar de la Trame verte et bleue qui a été envisagée essentiellement du point de vue des espèces diurnes, il est désormais nécessaire de préserver et de remettre en bon état les continuités écologiques nocturnes, dans le contexte d’augmentation de la pollution lumineuse lié à l’expansion du mode de vie urbain.
L’Office français de la biodiversité décrit la Trame noire comme “un ensemble connecté de réservoirs de biodiversité et de corridors écologiques pour différents milieux (sous-trames), dont l’identification tient compte d’un niveau d’obscurité suffisant pour la biodiversité (nocturne)” (Sordello, Paquier et Daloz 2021). Sur le plan conceptuel, la Trame noire est un moyen de reconnaître la dimension temporelle des processus écologiques, en particulier le cycle jour/nuit. Ces méthodes permettent de mettre en place de démarches de sobriété lumineuse sur un territoire en prenant en compte les problématiques écologiques et les besoins humains.
Vidéo "Pollution lumineuse et biodiversité" de Romain Sordello (2019) :
Tout comme la TVB, la Trame noire est composée d’un ensemble de réservoirs et de corridors écologiques. Ces derniers sont à décliner en sous-trame, la pollution lumineuse impactant divers cortèges d’espèces à des échelles différentes. Il est alors nécessaire d’identifier des réservoirs et des corridors nocturnes au sein des milieux ouverts, boisés, humides, littoraux ou aquatiques.
Sur le plan méthodologique, il existe plusieurs approches et méthodes pour appréhender facilement les enjeux liés à la pollution lumineuse et à la biodiversité sur son territoire, dont l’intérêt et le choix repose surtout sur les objectifs et les moyens dont dispose le territoire :
En l’absence de TVB existante, une des approches proposées consiste à identifier les points de conflits entre l’éclairage artificiel et des secteurs à enjeux devant être préservés pour la biodiversité. Si elle ne vise pas à identifier une Trame noire à proprement parler (corridors et réservoirs), elle permet de hiérarchiser les mesures de restauration à engager là où l’éclairage pose des problèmes particuliers pour la biodiversité.
Une Trame noire peut être extraite a posteriori d’une TVB existante en délimitant ses zones les plus obscures au sein de corridors et de réservoirs déjà identifiés. Avec cette approche, la trame noire est donc incluse dans la TVB et en constitue la partie la plus propice à la biodiversité nocturne.
Dans le cadre d’une étude TVB, la pollution lumineuse peut être intégrée parmi les facteurs réduisant la perméabilité du paysage lors de l’identification même des continuités écologiques. Avec cette approche, la lumière artificielle est prise en compte pour chaque sous-trame, à l’instar des autres critères « habituels » de quantité/qualité des milieux (ex : types de boisements, connexions entre haies, qualité des masses d’eau, etc.). Le résultat est l’élaboration directement d’une Trame verte, bleue et noire (TVBN).Cette approche nécessite l’établissement d’un diagnostic préalable pour prioriser les actions et identifier les zones sensibles.
La démarche Trame noire permet d’identifier 3 catégories d’espaces au vu des enjeux qui leur sont associés afin de hiérarchiser l’action :
Afin de définir une stratégie de gestion différenciée de l’éclairage public, conciliant enjeux sociaux et environnementaux, il est important de recroiser ces secteurs avec les usages humains des espaces. Ce travail permettra d’établir un programme de mesures de réduction de la pollution lumineuse en tenant compte des besoins (zones d’activités nocturnes, gares, lieux accidentogènes, etc.).
La mise en place d’une Trame noire à l’échelle d’un territoire permet de réduire les pressions exercées sur les espaces naturels en réduisant la fragmentation des habitats. Il est primordial d’adopter une démarche transversale et complète sur l’ensemble du territoire ciblé en y engageant les différents types d’acteurs concernés, publics et privés, et les mobilisant à différentes échelles territoriales, considérant la capacité de diffusion de la lumière dans l’environnement (le halo lumineux peut-être perçu à plusieurs dizaines de kilomètres des grandes villes, et parfois 100 à 200 km des plus grandes métropoles).
Cette carte indique les niveaux de pollution lumineuse au sein des continuités écologiques. Elle est issue du croisement de la synthèse nationale des enjeux de continuités écologiques régionales datant de 2017 et de l'indicateur de pollution lumineuse produit en 2021 dans le cadre de l'Observatoire national de la biodiversité, en France métropolitaine. Elle est le résultat d'un traitement de données régionales (SRCE - réservoirs de biodiversité et corridors écologiques - issus de méthodes différentes) effectué pour permettre une restitution à l'échelle nationale.
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Guide technique "Trame noire - Méthodes d’élaboration et outils pour sa mise en œuvre" de l'OFB
Annexe 1 : Téléchargez le Cahier des charges "type" en fomat .doc (version Mai 2021)
Annexe 2 : Téléchargez le Modèle d'arrêté relatif aux horaires d'éclairage public en format .doc
Publication en anglais : Dark Infrastructure: an ecological network for night-time wildlife
Webinaire "Trame noire : les métropoles se mobilisent" : Consulter ici.
Journée d'échange "Trame noire" du 26 novembre 2019 : Retrouvez les présentations de cette journée