Les espaces agricoles sont au carrefour de différents enjeux qui constituent une priorité sociétale mais aussi un défi politico-économique. Cette nouvelle agriculture doit répondre au triptyque suivant : une agriculture à la fois plus durable, plus respectueuse des ressources naturelles et plus résiliente face aux changements globaux. Ce changement de paradigme prend la forme d’une voie alternative, reprise sous le concept d’agro-écologie, popularisé par Miguel Altieri.
C’est précisément dans ce cadre que le Conseil scientifique de l’Agence française pour la biodiversité, a pris l’initiative de rédiger un texte de positionnement sur l’agro-écologie. Ce texte, rédigé sous la houlette de Luc Abbadie, Pierre-Henri Gouyon et moi-même, aidés par l’ensemble des membres du Conseil, sera diffusé prochainement.
L’agro-écologie remet la biodiversité et les processus écologiques au cœur du fonctionnement de l’agroécosystème à travers la valorisation de leur rôle dans la fourniture de services écosystémiques. L’agro-écologie, l’agriculture biologique, l’agriculture de conservation, la permaculture, l’agroforesterie, l’agriculture de précision, l’éco-agriculture, l’agriculture écologiquement intensive sont plusieurs formes d'agriculture qui tentent ainsi de concilier production alimentaire et préservation des écosystèmes. Le rôle clé de la biodiversité y est ainsi souligné. Cependant, l’efficacité de ces systèmes pour nourrir l'humanité et leur viabilité économique restent débattues.
Une des caractéristiques clés de l’agro-écologie est de s’intéresser au territoire au moins autant qu’à l’exploitation, et d’être basée sur une vision systémique et multi-acteurs de la société. La gestion des territoires, de leurs fonctionnalités écologiques, et la prise en compte des aspirations de tous les acteurs (humains, comme non humains) qui les peuplent est aujourd’hui un enjeu de gouvernance. Mais c’est aussi un enjeu majeur en matière de recherche en écologie et de gestion, tant nos connaissances sont encore fragmentaires dans le domaine de l’écologie spatiale ou de l’écologie du paysage. Agriculture pro activement ancrée à l’échelle des territoires, l’agro-écologie se préoccupe de l’agencement spatial entre les parcelles, maintient la présence des éléments semi-naturels (haies, bandes enherbées, murets, mares etc.) : en ce sens, elle ne peut que converger avec la préservation et de la remise en bon état des continuités écologiques.
La journée d’échanges techniques organisée par le Centre de ressources TVB le 15 mars dernier à Paris a été l'occasion d'étudier cette convergence, ces synergies, à travers de nombreux exemples issus du terrain et de la recherche.