Ce printemps, le Centre de ressources TVB met l’agro-écologie à l’honneur. Revenons sur les fondements et les spécificités de l'agro-écologie qui, en mobilisant en synergie les savoirs locaux et les savoirs scientifiques les plus pointus, peut porter un projet innovant pour les territoires.
L'investissement du Centre de ressources sur le sujet s'est traduit par l'organisation d'une Journée d’échanges techniques sur les synergies entre agro-écologie et TVB le 15 mars dernier à Paris. La lettre d'information n°38 comprend également un édito de Vincent Bretagnolle, Directeur de recherche au CNRS, qui présente les réflexions du Conseil scientifique de l'AFB sur les liens entre agriculture et biodiversité.
Vers une agriculture plus durable
L’agro-écologie définit un nouveau modèle agricole, alternatif au courant conventionnel, en appliquant les principes de l'écologie à l'agriculture. Elle ouvre ainsi des pistes prometteuses pour rendre l’agriculture plus durable, aux plans social, économique et environnemental. Elle repose sur les principes définis par Miguel Altieri en 1995 : favoriser les contrôles naturels contre les agressions, limiter les impacts environnementaux par réduction des intrants et des pollutions, optimiser les recyclages de matière et conserver les sols et la biodiversité.
Cela nécessite notamment d’étudier plus profondément les effets de la biodiversité sur les régulations biologiques et le fonctionnement des agroécosystèmes aux différentes échelles : des exploitations jusqu’aux territoires, en passant par les paysages. Cette réflexion intègre la notion de mosaïques paysagères, résultats d’une diversité d'usage des parcelles, de la présence d’espaces interstitiels au sein des parcelles, du maintien et de la création de haies et de zones humides, d’arbres et de forêts.
Agro-écologie et biodiversité en synergie
Ces mosaïques et ces zones boisées ou humides, les infrastructures agro-écologiques, profitent directement à la biodiversité, notamment en créant ou en renforçant des continuités écologiques. La biodiversité elle-même apporte des services aux agriculteurs grâce par exemple à la présence de prédateurs qui limitent les populations de ravageurs ou par la présence de pollinisateurs qui contribuent à la productivité des cultures.
Une diversité de solutions pour répondre à la diversité des situations
L’agro-écologie part du constat de la diversité des situations : sols, climat, structures d’exploitations, ressources locales, vulnérabilités écologiques, dynamiques territoriales. Elle propose de s’y adapter, à l’encontre des systèmes intensifs qui visent à homogénéiser le milieu. Chaque agriculteur doit pouvoir concevoir son système de production et les acteurs de chaque territoire doivent pouvoir s’organiser pour ajuster la gestion des ressources locales en fonction du contexte local. Il est important d’impliquer directement les acteurs concernés dans le processus d’innovation. Cela nécessite de mobiliser en synergie les savoirs locaux et les savoirs scientifiques les plus pointus grâce à de nouvelles formes collectives de gouvernance territoriale.
Une approche innovante pour les territoires
L’agro-écologie apparaît donc comme un projet innovant, qui se positionne à la fois dans le champ des sciences de la nature, des sciences économiques et sociales, de la politique et de l’action. Les échanges de la journée du 15 mars sur "Agro-écologie et TVB" ont permis d'affirmer que, pour s'inscrire dans cette démarche innovante, la réflexion doit être approfondie sur le fonctionnement écologique du territoire en intégrant les enjeux de Trame verte et bleue.
En guise de conclusion, citons Jean-Marc Meynard, Directeur de recherche à l'INRA : « Relier agriculture, alimentation, science, milieu naturel et projet politique, quelle belle ambition ! »
Sources :
Site du Ministre de l'Agriculture et de l'alimentation
Meynard J-M. 2017. L’agroécologie, un nouveau rapport aux savoirs et à l’innovation. OCL 24(3): D303